#18🔍 TDAH chez les femmes et les filles : mal compris et mal évalué
Une étude récente remet en question la perception des différences hommes-femmes dans le TDAH.
Est-ce que les hommes et les femmes vivent vraiment le TDAH de manière différente ? Pourquoi tant de femmes passent-elles à côté d'un diagnostic ? Et si nos idées reçues faussaient tout ?
Je te propose de nous appuyer sur une étude parue récemment pour répondre à ces questions. Le sujet est complexe et passionnant, et j'en suis à ma dixième réécriture car j’arrête pas de me perdre. Étant donné que la base est scientifique, j'opte donc pour une approche plus factuelle que d'habitude pour faire ressortir les informations importantes de manière simple et éviter les interprétations.
🔎Une étude qui bouscule les idées reçues
Des chercheurs ont analysé 52 études portant sur le TDAH, regroupant 8423 femmes et 9985 hommes avec un TDAH, de l'enfance jusqu'à l'âge adulte.
Leur but ? Voir s'il existe des différences de symptômes entre les hommes et les femmes, ou entre les garçons et les filles.
Leurs résultats ? Les différences de symptômes entre hommes et femmes dépendent beaucoup de la façon dont on évalue ces symptômes. En gros, tout se joue sur la méthode utilisée.
"Both males and females appear to equally endorse the severity of ADHD symptoms when assessed using clinical diagnostic interview data... By contrast, rating scale data showed males present with more severe symptoms than females." (Psychological Medicine, 2023)
⁉️ Pourquoi les filles sont sous-diagnostiquées ?
Les questionnaires d'évaluation, souvent remplis par les parents ou les enseignants, sont un des moyens les plus courants pour diagnostiquer le TDAH. Ces questionnaires posent des questions du type : "Est-ce que cette personne a du mal à rester en place ?".
Le problème, c'est que ces questions se concentrent sur des symptômes visibles comme l'hyperactivité et l'impulsivité, qui sont plus fréquents chez les garçons.
Les filles, elles, montrent souvent des signes plus discrets, comme de l'inattention, du rêvassement ou des difficultés émotionnelles (par exemple, de l'anxiété). Ces symptômes ne sont pas aussi évidents à remarquer, donc les filles passent souvent sous le radar.
Le TDAH est souvent perçu comme un problème de comportement visible, ce qui fait que les garçons, avec leurs symptômes plus "bruyants", sont diagnostiqués plus souvent.
Ces résultats sont à mettre en parallèle avec un autre chiffre : pour 3 garçons diagnostiqués, seulement 1 fille l'est.
Pourtant, à l'âge adulte, le ratio devient 1 pour 1.
Beaucoup de filles ne sont donc pas diagnostiquées pendant leur enfance et n'obtiennent de l'aide que plus tard.
🗒️ Les outils de diagnostic
Cette étude montre que les outils qu'on utilise pour diagnostiquer le TDAH influencent beaucoup la perception des symptômes. Les questionnaires favorisent les signes visibles, souvent typiques des garçons, et laissent beaucoup de filles et de femmes sans diagnostic.
Les filles et les femmes souffrent autant du TDAH que les garçons et les hommes, mais leurs symptômes ne sont pas aussi bien repérés avec des questionnaires.
Quand un professionnel prend le temps de discuter vraiment avec la personne, il découvre que la sévérité des symptômes est similaire, même si les manifestations peuvent être un peu différentes.
"No significant sex differences in the severity of symptoms emerged for clinical interview data for children or adults, highlighting how in-depth evaluation methods can reveal underlying similarities that superficial methods might miss." (Psychological Medicine, 2023) (Psychological Medicine, 2023)
Cette étude montre que les outils actuels de diagnostic du TDAH, notamment les questionnaires, sont biaisés et favorisent la reconnaissance des symptômes chez les garçons, tout en laissant les filles de côté.
Le TDAH est souvent vécu différemment parce qu'il est perçu différemment, pas parce que les symptômes sont fondamentalement plus graves chez l'un ou l'autre sexe.
C'est tout pour cette semaine !
Prends soin de toi, la lecture de cette newsletter est évidemment importante mais pas urgente. Si ça t’intéresse, l’étude complète est ici.
Je te dis à la semaine prochaine, mardi, à 10h ! On parlera peut-être de noël ?
Si tu as raté les éditions précédentes :
Hyper intéressant cet article !la notion de genre est souvent un peu mise à la trappe. Je me demandais aussi s’il y aurait du contenu sur du TDA ( du coup sans le H) 😀
Ravie de découvrir ta newsletter 😊 ma fille a un tda ( avec un spectre autistique) on n'aurait jamais pensé à faire un diagnostic si ça n'avait pas impacté sa vie scolaire.